Schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelle

mardi 10 juillet 2007
par  Michèle Martin

Schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelle : rapport Lunel

L’orientation soumise à la logique néo libérale

L’idéologie qui soutend les principes et la mise en place du schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelle est une idéologie ouvertement néolibérale et reprend tous les préjugés et les grands poncifs concernant l’orientation et l’insertion.

Ce schéma sert à justifier la réforme Fillon (collège ambition réussite, socle commun, opération égalité des chances…) ainsi que le plan de cohésion sociale initié par Mr Borloo. Il organise une transformation profonde de l’école par un glissement de la formation initiale vers la formation continue et l’apprentissage. Il met en place les conditions d’un déplacement des compétences des conseillers d’orientation psychologues vers les enseignants mais avec un recentrage sur l’information des métiers et la connaissance de l’entreprise et des besoins économiques.

Ce schéma discrédite l’école pour mieux justifier une implication plus grande des entreprises dans la formation et l’orientation. Il se fonde sur un diagnostic simpliste et faux pour certains aspects :
 le taux de scolarisation à 18 ans est très élevé alors que le taux d’adultes en formation est trop faible. Ce constat entraîne « une dramatisation des choix d’orientation dans la formation initiale ». Il faut donc entendre que pour dédramatiser les choix il faudrait inverser ces 2 éléments : plus de formation continue (pour un ajustement au plus près des besoins économiques) et moins de formation initiale.
 « L’élévation du niveau général de formation n’a pas permis de réduire le chômage des jeunes ». L’école est donc responsable du chômage des jeunes.
 Il existe des inégalités persistantes d’accès à l’emploi en fonction du type de formation et de la filière ainsi que des inégalités liées à l’origine sociale dans l’accès à l’enseignement supérieur.
 Il existe des emplois non pourvus, des secteurs qui ont du mal à recruter.
 les formations de l’Education Nationale seraient inadaptées (« ces données globales ne doivent pas occulter le grave problème posé par les sorties sans aucune qualification ainsi que les nombreux échecs ou impasses dans des diplômes sans débouchés »)
 il n’y a pas d’échecs, de difficultés d’adaptation et de transition entre cycles mais uniquement des erreurs d’orientation : « les sorties sans qualification ainsi que les nombreux échecs ou impasses dans des diplômes sans débouchés ne sont que des erreurs d’orientation ».

Les préconisations de ce schéma qui visent l’adéquation entre l’école et l’orientation d’une part et les besoins économiques d’autre part, organise une transformation profonde de l’école. Il prévoit de :
 développer l’apprentissage qui est « une voie qui accueille des jeunes d’origine très différenciée » et qui assure une meilleure insertion mais aucune information n’est donnée sur les ruptures de contrats.
 Développer les contrats de professionnalisation (« qui correspond à la demande d’un grand nombre de jeunes et d’entreprises ») et les faire connaître aux lycéens. Ces contrats sont souvent des contrats courts dont l’objectif n’est pas l’obtention d’un diplôme mais d’un certificat de qualification professionnel pour répondre à des besoins ponctuels.
 Développer les contrats CIVIS qui n’ouvrent pas à la qualification mais doivent répondre aux besoins immédiats des entreprises

En outre, ce schéma organise la disparition des conseillers d’orientation psychologues avec le transfert d’une partie de leur mission vers les enseignants désignés comme « les plus proches conseillers naturels pour l’orientation » auprès des élèves.

C’est une véritable remise en cause des missions particulières de chacun et de leur complémentarité. C’est une transformation radicale du métier d’enseignant qui l’éloigne de sa mission première : la transmission et la construction des savoirs.

Ce qui fait de ce schéma un danger proche pour l’école, c’est son application entamée dès cette année avec la mise en place d’entretiens d’orientation assurés par les enseignants.

L’état renonçant à mettre en place des mesures ambitieuses et efficaces d’enseignement, d’encadrement et d’accompagnement, institutionnalise l’entreprise comme le sauveur de l’école.

Refusons une école assujettie aux besoins immédiats de l’entreprise et ensemble défendons un projet ambitieux pour une école au service de tous et de chacun qui respecte nos élèves.